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Margaux Zaffran récompensée par le prix L'Oréal-Unesco Jeunes Talents 2023

Le 10 oct. 2023
Une forte dose de curiosité, une profonde volonté de comprendre le monde et une pincée de rencontres heureuses…voici brièvement la recette du succès de Margaux Zaffran. À 27 ans, cette doctorante en troisième année de thèse avec EDF R&D, Inria (équipe projet PREMEDICAL) et le Centre de mathématiques appliquées, reçoit le prix L’Oréal-Unesco Jeunes Talents pour les femmes et la science pour ses travaux sur les modèles de prédiction des prix du marché de l’électricité.
Margaux Zaffran récompensée par le prix L'Oréal-Unesco Jeunes Talents 2023
Crédits photos : Clémence Losfeld

D’aussi loin qu’elle se souvienne, rien ne prédestinait Margaux Zaffran à la recherche scientifique. « C’est un ensemble de circonstances marquantes qui a guidé mes choix », raconte la doctorante en troisième année de thèse au Centre de mathématiques appliquées (CMAP : une unité mixte de recherche CNRS, Inria, École Polytechnique, Institut Polytechnique de Paris, 91120 Palaiseau, France). Du professeur de quatrième qui lui transmet la passion de la physique des particules et de l’astrophysique, à son arrivée à ENSTA Paris où elle se tourne vers l’énergie, puis à la chargée de TD qui lui inocule le virus des statistiques - « elles me permettent de modéliser fidèlement le monde qui m’entoure et de le comprendre » - son parcours est riche de ces rencontres qui forgent un avenir.

Le prix L’Oréal-Unesco Jeunes Talents France qu’elle vient de recevoir confirme cette trajectoire prometteuse et fait écho à son engagement pour les femmes dans la science. « Je suis souvent intervenue auprès de lycéennes pour leur transmettre le goût des sciences et valoriser la place des femmes dans ce milieu. Ce prix peut les encourager à dépasser une auto-censure liée à l’appréhension d’évoluer dans un environnement très masculin. Féminiser davantage les sciences, c’est aussi multiplier les points de vue et enrichir les échanges », s’enthousiasme la mathématicienne.

Réduire les incertitudes

Et les faits sont là. Au quotidien, Margaux Zaffran prend à cœur de donner une utilité sociale à ses travaux. Elle développe, dans le cadre de sa thèse, une méthode capable d’attribuer un indicateur de fiabilité aux modèles de prédiction utilisés par les acteurs du marché de l’électricité. Elle s’appuie pour cela sur un raisonnement probabiliste quantifiant l’incertitude autour des prévisions fournies par ces modèles.

« On me dit par exemple que le mégawattheure (MWh) d’électricité coûtera 92 € à 18h demain. Quelle certitude attribuer à cette indication ? Plutôt qu’une prédiction unique, j’établis une région de confiance autour de cette donnée. Je sais alors qu’il y a 90 % de chance qu’à cette date, le prix du MWh soit compris entre 88 € et 100 € », explique la chercheuse. Cette vision du marché est cruciale pour les échanges entre producteurs et fournisseurs d’énergie. Elle permet d’ajuster plus finement la production d’électricité, de diminuer les coûts de stockage et de distribution, et finalement, de réduire les émissions de carbone qui y sont liées.

Un large champ d’applications

La méthode est transposable à de nombreux domaines et sera prochainement expérimentée en médecine (en collaboration avec Traumabase, observatoire de traumatologie français recueillant les données de patients lourdement traumatisés à des fins sanitaires et scientifiques). « Il s’agira dévaluer avec fiabilité les risques d’un choc hémorragique lors du transfert en ambulance d’un patient accidenté vers l’hôpital. Les données saisies en temps réel aboutiront à un indicateur de confiance qui déterminera par exemple s’il est opportun de décongeler une poche de sang ou de préparer du matériel et des ressources spécifiques. C’est un atout dans la gestion des stocks et l’amélioration des chances de survie des patients », conclut la jeune femme dont les travaux ne seront jamais très loin de notre quotidien.